[Accidents et traumatismes] 2/4 Prise en charge des urgences médicales : le maillon faible

[Accidents et traumatismes] 2/4 Prise en charge des urgences médicales : le maillon faible

 La prise en charge des urgences reste le maillon faible du système de santé. Elle se pose avec acuité. La cause, c’est l’insuffisance des urgentistes. Un diplôme de la médecine d’urgence a enrichi l’offre de formation à la Faculté de Médecine de Dakar. Les médecins généralistes peuvent faire deux ans supplémentaires après leur doctorat pour devenir un médecin urgentiste. “Mais l’idéal est de concevoir une bonne planification des politiques de formation, selon le Secrétaire général du Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal. L’amélioration de la prise en charge doit s’inscrire dans une planification beaucoup plus globale. Il faut aussi miser sur les effectifs avec des urgentistes au niveau de tous les établissements publics de santé (EPS)”.

Qu’est-ce qu’un traumatisme ?

La traumatologie est la spécialité qui traite les lésions acquises de façon accidentelle de l’appareil locomoteur (fractures, luxations, entorses, plaies, lésions d’éléments nobles : artères, veines, nerfs, tendons). Les patients traumatisés sont admis majoritairement après un passage aux urgences. Elle a un lien direct avec la chirurgie orthopédique et la chirurgie traumatologique. D’ailleurs, la quasi-totalité des blessures graves relèvent de la chirurgie. 

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La traumatologie peut aussi relever de la médecine d’urgence, bon nombre de traumatisés sont acheminés au service d’accueil et d’urgence (SAU) de l’hôpital, le plus proche de l’accident ou de la catastrophe. Le secteur de la santé est souvent  mobilisé en premier lieu, pour la prise en charge des blessés, aussi bien sur les lieux du sinistre que dans les structures de santé, pendant un accident, surtout grave. Aujourd’hui, il faut que les Sénégalais se retrouvent autour des vraies questions et vraies solutions, selon le Secrétaire Général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). Le Sénégal prépare ces structures de santé à travers le plan blanc. Ces dernières années, il y a, au niveau des hôpitaux et des établissements publics de santé (EPS) de niveau 1, 2 et 3, des plans blancs qui font l’objet de simulation.    

Soins rééducatifs, le parent pauvre de la médecine sénégalaise

Ils sont nombreux à perdre une jambe, un bras entre autres des suites d’un accident.  Ils ont besoin après le traitement d’être appareillés. Seulement en plus d’être coûteuse, cette spécialité semble être un des parents pauvres de la médecine sénégalaise. Le professeur, Ngor Side Diagne est le responsable de la cellule médecine physique et réadaptation au Centre national d’appareillage et d’orthopédie (CNAO) le confirme. La réadaptation, affirme-t-il, est un domaine méconnu même des acteurs de la Santé. Et, il y a assez de paradoxes, au sein de cette spécialité, la logique voudrait qu’une telle spécialité soit connue des acteurs et bien soutenue en termes d’équipements et d’allocation budgétaire au regard de la prévalence des accidents. Le centre souffre de déficit de ressources humaines. La spécialité négligée est d’une importance capitale. Un paradoxe. La médecine physique, la réadaptation, sont incontournables au regard de la fréquence des catastrophes, des accidents, et de l’affaissement des bâtiments, des murs, des dalles…
 En plus des victimes d’accident, le professeur Diagne évoque la pandémie de la Covid, notamment pour les besoins de rééducation. Des patients atteints de formes graves avaient besoin de séances de réadaptation et de rééducation pour retrouver l’état initial. La fréquence de ces accidents renforce la centralité de cette spécialité dans le dispositif de prise en charge. « Après le traitement des accidentés de Sikilo à l’hôpital de Kaffrine, la prochaine étape, c’est le centre national d’adaptation orthopédique. Mais on n’en parle pas », se désole le professeur. Il note ainsi  que c’est un domaine qui est assez transversal et un passage obligatoire pour tout individu. « On peut vivre sans avoir besoin d’un neurologue, d’un cardiologue mais un médecin physique est obligatoire. Vu son importance, nous estimons qu’il faut qu’on investisse sur cette spécialité afin qu’elle puisse gagner du terrain au Sénégal. Nous sommes en retard dans ce domaine mais les lignes commencent à bouger dans les autres structures sanitaires »

Un déficit spécialistes, l’autre maladie 

Dans la même dynamique, le directeur du Centre national appareillage et orthopédique (Cnao) note un déficit de spécialistes ce qui pose le défi de la couverture des besoins. Si l’Hôpital de Kaffrine a réussi le pari du traitement des victimes de l’accident, en deux ou trois jours, c’est grâce à des infrastructures de qualité et aussi à la disponibilité des ressources humaines. « Les ressources humaines sont extrêmement importantes. Et au niveau de la rééducation et de la réadaptation, on constate aussi un déficit de ressources humaines. Il y a une pénurie mondiale de kinésithérapeutes, des podologues qui sont des spécialités très importantes. Mais nous sommes en train de redresser la barre, parce que nous sommes appuyés par les autorités », rapporte le directeur du Centre national appareillage et orthopédique ( Cnao).  

Le Sénégal entend franchir un nouveau cap dans ces spécialités puisqu’un projet d’école des métiers de la rééducation et de la réadaptation est dans le circuit. C’est la voie pour combler le déficit. 

  « Les prothèses importées coûtent chères pour nos patients et nous sommes en train de travailler pour la valorisation de la prothèse locale accessible à toutes les populations. Il y a aussi une file d’attente énorme et les patients attendaient presque 45 jours avant d’être pris en charge », a affirmé le Directeur du Centre national d’appareillage et orthopédique. 

Actuellement, le temps d’attente est réduit à une semaine. Le centre ne fait pas que de l’appareillage et de la rééducation. Il prend aussi en charge les enfants victimes de malformations. Les soins de rééducation et d’adaptation sont les parents pauvres au Sénégal. En la floraison de cabinets ou de salons de massage est symptomatique de ce déficit. Au juste, ce spécialiste relève que ces cabinets et salons de massage sont à l’origine des problèmes de santé. Parce que, la kinésithérapie est un art. Et, il faudrait qu’on consacre cet art à travers un développement et une résilience au niveau du centre national d’appareillage et orthopédique a expliqué le directeur d’Établissement public de santé. Le docteur Ousmane Dia pense qu’il est nécessaire d’évoluer vers un changement de nom du centre. « Le Sénégal souffre en expertise dans ce domaine et il va falloir que nous réfléchissions avec l’ouverture d’une école de rééducation et de réadaptation pour optimiser les ressources humaines afin d’arriver à réinscrire le Cnao dans la pyramide sanitaire. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais souffrent de problèmes lombaires et il y a des problèmes de prise en charge. Les personnes qui sont victimes d’accidents ou d’Avc ou opérées au niveau des hôpitaux souhaitent être prises en charge ».

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