Cocotte minute : Orages, épisodes cévenols, medicanes… Faut-il s’attendre à une météo extrême en Méditerranée ?

Faut-il craindre des épisodes météorologiques extrêmes et répétés dans les prochains mois ? Après un été caniculaire marqué par une sécheresse historique, de violents orages ont touché la Corse ce jeudi 18 août, avec des rafales de vent « exceptionnelles », dépassant par endroits les 220 km/h. Au moins 3 personnes sont mortes, 13 autres ont été blessées. Les villes et régions de Montpellier, Marseille ou encore Paris ont également été touchées par des orages à très forte intensité pluviométrique ces trois derniers jours.

Si l’accélération du réchauffement climatique a fait grimper le thermomètre un peu partout en France, elle a aussi provoqué une canicule marine. Un phénomène souvent plus long et moins intense qu’une canicule terrestre mais avec des conséquences déjà fatales pour la biodiversité. Sur le pourtour méditerranéen, la température a dépassé par endroits de 6,5 °C degrés les normales de saison.

« La Méditerranée n’a jamais été aussi chaude et on sait que ça a un impact sur des phénomènes extrême. Cette causalité, entre Méditerranée chaude et des épisodes orageux potentiellement dangereux, est scientifiquement étayée », expliquait début août Météo France au HuffPost. « Concrètement ce sont des remontés d’air chaud et humide instables qui génèrent des orages en rencontrant du froid. Des phénomènes qui arrivent trois à six fois par an et de manière « privilégiée en automne ».

Des craintes et un mais…

La température de l’eau étant relativement chaude, la chute des températures dans l’air avec la fin de l’été pourrait davantage créer d’humidité, ce qui accroît le risque d’épisodes météorologiques extrêmes. « Depuis 5 ans on a des études qui montrent que ce type d’événement a subi une augmentation, autant en intensité qu’en fréquence. Depuis les années 60, on pense que ce type d’événement (…) leur intensité a augmenté en gros de 20 %, et leur fréquence a été multipliée par deux », détaille pour Le Blob, le météorologue Samuel Somot. Le lien avec le réchauffement climatique est sans appel : plus il y a de la sécheresse plus il y aura de précipitations. Le spécialiste résumait alors parfaitement l’équation dans cette formule : « dans un air plus chaud, on peut mettre plus d’humidité ».

« Plus l’air qui vient de la mer est chaud et humide, plus on a un système orageux qui est intense », alerte également Cindy Lebeaupin-Brossier, chercheuse au CNRS au Centre national de recherche météorologique, auprès de TF1. Faut-il dès lors craindre des pluies diluviennes et des inondations en raison des sols desséchés ? Si la recette pour des épisodes extrême en automne semble assez complète, il y a toutefois un « mais ».

Certes la canicule marine est un facteur aggravant, mais il peut encore se passer un certain nombre de choses d’ici l’automne. « Une Méditerranée chaude, c’est un paramètre propice à un épisode intense, mais ce n’est pas le seul élément. Il faut aussi une situation générale, avec un air froid d’altitude qui fait ensuite remonter l’air chaud et humide. Ce qu’on sait aujourd’hui, c’est qu’il y a un potentiel, mais ça ne fait pas tout », expliquait au HuffPost, ce vendredi, Claire Chanal, prévisionniste chez Météo France.

Un autre phénomène, jusque-là plus rare, inquiète également : les « médicanes ». Si ces tempêtes extrêmes, pouvant atteindre 200 à 400 km de diamètre mais beaucoup moins puissante qu’un ouragan, sont extrêmement rares, elles pourraient néanmoins s’intensifier dans les mois et les années à venir. Et une grande partie du bassin méditerranéen pourrait être touchée. Météo France en a déjà recensé une dizaine depuis les années 2000.

En novembre 2011, le littoral du Var et des Alpes-Maritimes avait subi des rafales de vents jusqu’à 157 km/h des fortes pluies. Plus récemment, en septembre 2020, la Grèce avait été touchée par ce type de dépression méditerranéenne.